Paris-Nice, épisode 80 : Laurent Jalabert
28 février 2022 - 12:00
Les trois coups de « Jaja » (VII/X)
Depuis 1933, Paris-Nice marque le début des grandes explications pour les champions appelés à briller sur les courses à étapes. Sur la Promenade des Anglais ou au col d’Èze selon les années, on dresse déjà un premier bilan de l’état de forme des favoris pour le Tour de France. À l’occasion de la 80e édition, parisnice.fr revient sur le rôle qu’a joué la Course au soleil dans la carrière d’une dizaine de coureurs ayant noué un lien particulier avec l’épreuve.
Dans le palmarès extrêmement varié de Laurent Jalabert, Paris-Nice tient une place à part puisque c’est la course par étapes qu’il a le plus remportée. Son caractère opiniâtre et son profil complet lui ont permis de réaliser un « hat-trick » au cœur des années 90.
Un collectionneur d’étapes qui s’invite au général
Le phénomène Jalabert a déjà percé lorsqu’il débarque sur l’édition 1991 de Paris-Nice, où la formation Toshiba fait carton plein. Le jeune homme de 22 ans ne bataille pas avec son leader Tony Rominger, qui domine à Nice un podium final complété par un autre collègue, Martial Gayant. Au moment d’aborder la saison 1993, le CV de Jalabert s’est enrichi et affiche une étape du Tour de France gagnée l’été précédent au pied de l’atomium de Bruxelles, le maillot vert à Paris, ainsi que des coups d’éclat sur le Tour de Catalogne. Remarquable sprinteur, il bute en début de semaine face aux Cipollini et Abdoujaparov, mais rafle son premier bouquet niçois sur la Promenade.
Chasseur d’étapes de tout premier rang, le Tarnais fait enfler sa collection en ramenant par exemple un impressionnant chapelet de sept victoires de la Vuelta en 1994, mais c’est en 1995 qu’il change de registre et s’affirme comme un coureur complet. Deuxième du sprint massif jugé à Fontenay-sous-Bois, il frappe surtout un très gros coup dès le lendemain en s’imposant en solitaire à Roanne, reléguant déjà ses rivaux déclarés comme Zulle et Olano à une distance raisonnable. Il n’a plus qu’à contrôler pour remporter à Nice sa première course par étapes majeure et ouvrir ainsi le compteur d’une année particulièrement riche en succès dans ce domaine, avec dans la foulée une victoire sur le Critérium International, puis sur le Tour de Catalogne en juin, la 4e place du Tour en juin et enfin un triomphe sur la Vuelta pour boucler sa saison. Il y a bien du Sean Kelly chez ce rouleur multi-tâches à l’accent du sud-ouest !
Le seigneur de Mazamet domine son/ses sujets
Pour la défense de son titre, « Jaja » signe un double coup de force en s’imposant en solo consécutivement à Chalvignac puis à Millau, à chaque fois dans les cinq derniers kilomètres. Sur le chrono final, que l’on ne dispute plus au col d’Èze mais en bord de mer, son matelas chronométrique est suffisant pour résister au rapproché de Chris Boardman et de Lance Armstrong. En 1997, Jalabert s’habille de blanc dès le prologue gagné sur l’avenue Foch à Paris, puis adopte une tactique moins spectaculaire mais tout aussi efficace, bondissant par exemple sur toutes les bonifications qui se présentent devant lui. Solide sur l’étape du Mont Ventoux jugée à Sisteron, le patron de la course s’impose devant Laurent Dufaux, conforte sa position en tête et file sans angoisse vers Nice, qu’il atteint après avoir dominé son/ses sujets tout au long de la semaine.
Avec trois titres consécutifs, le Mazamétain s’impose comme le nouveau seigneur de Nice, mais c’est aussi la fin de son ère qui se profile. L’année suivante, il cède face à Franck Vandenbroucke qui se montre supérieur à lui dès le prologue et le devance de 40’’ au classement général final. L’ex-sprinteur devenu Panda boude ensuite la Course au soleil pendant trois ans pour tenter sa chance en Italie avec beaucoup moins de réussite, mais revient en 2002 pour sa dernière participation en tant que coureur professionnel : battu par Vinokourov et Casar à l’arrivée, il signe toutefois à Nice son dernier podium sur une coure par étapes. La boucle est bouclée.